Les États-Unis traquent un troisième pétrolier au large du Venezuela

Les États-Unis sont à la poursuite d'un troisième pétrolier près du Venezuela en 11 jours dans le cadre du blocus de Trump contre les navires sanctionnés. Le Venezuela condamne ces actions comme une 'piraterie internationale', tandis que les États-Unis affirment cibler le pétrole illégal finançant le 'réseau narcoterroriste' de Maduro.

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Escalade de la confrontation maritime dans les eaux des Caraïbes

Les États-Unis sont actuellement à la poursuite de ce qui constituerait leur troisième saisie d'un pétrolier au large du Venezuela en seulement onze jours, selon des responsables américains. La cible, un pétrolier battant pavillon panaméen figurant sur la liste américaine des sanctions, est pourchassé dans les eaux internationales, ce qui représente une escalade significative de la campagne de pression du président Donald Trump contre le gouvernement de Nicolás Maduro.

Cette dernière opération fait suite à l'annonce par le président Trump, plus tôt cette semaine, d'un blocus contre tous les pétroliers sanctionnés naviguant vers et depuis le Venezuela. « Nous ne permettrons pas au régime Maduro de profiter de transports pétroliers illégaux qui financent son réseau narcoterroriste », a déclaré Trump lors d'un point presse. Le blocus représente un changement radical, passant des sanctions financières à l'interception physique en mer.

La flotte fantôme et le contournement des sanctions

Le Venezuela, qui dispose des plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, est devenu de plus en plus dépendant de ce que les experts appellent une « flotte fantôme » de pétroliers pour contourner les sanctions internationales. Selon un rapport de The Independent, plus de 70 navires de ce type opèrent actuellement dans les eaux vénézuéliennes, dont 38 sont spécifiquement soumis aux sanctions du Trésor américain.

L'impact économique a été sévère. Les données des analystes énergétiques montrent que les exportations de brut vénézuélien ont chuté de 76 %, passant de 1,08 million de barils par jour en décembre 2024 à seulement 258 000 barils par jour après la mise en œuvre du blocus. C'est un coup dévastateur pour l'économie déjà fragile du Venezuela, dont le FMI prévoit une croissance du PIB de seulement 0,5 % et une inflation de 269,9 % en 2025.

Droit international et accusations de piraterie

Le gouvernement vénézuélien a réagi par une condamnation véhémente, qualifiant les saisies d'« acte flagrant de piraterie internationale ». Le président Maduro a accusé les États-Unis de chercher un changement de régime et le contrôle des ressources naturelles vénézuéliennes. « Il ne s'agit pas de drogue ou de terrorisme—il s'agit de Trump qui veut notre pétrole, notre gaz, notre or », a déclaré Maduro dans une allocution télévisée.

Les experts juridiques sont divisés sur la légitimité de ces actions. Une analyse de The Conversation note qu'en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), que les États-Unis acceptent comme contraignante, la juridiction exclusive appartient typiquement à l'État du pavillon, sauf exceptions spécifiques. Cependant, le statut d'enregistrement douteux de certains navires pourrait fournir une justification juridique pour l'interception.

Renforcement militaire régional et stratégie plus large

Les opérations maritimes coïncident avec un renforcement militaire américain significatif dans la région des Caraïbes. Depuis début septembre 2025, les troupes américaines ont mené des dizaines de frappes aériennes contre des navires transportant prétendument de la drogue, faisant au moins 100 victimes selon des rapports régionaux. Les États-Unis soutiennent que ces actions ciblent ce que les responsables décrivent comme le « réseau narcoterroriste » du Venezuela.

Les experts régionaux doutent cependant de ce récit. « Les États-Unis exagèrent le rôle du Venezuela dans le trafic de drogue pour justifier une intervention militaire », a noté le Dr Maria Rodriguez, professeur d'études latino-américaines à l'Université de Georgetown. « Cela représente une escalade dangereuse qui pourrait déstabiliser toute la région. »

Les implications géopolitiques plus larges sont significatives. Selon un reportage d'ABC News, les États-Unis ont actuellement déployé 11 navires de guerre dans les Caraïbes, ce qui représente la plus grande présence navale dans la région depuis la Guerre froide.

Implications sur les marchés et sécurité énergétique mondiale

Bien que l'impact direct sur les marchés pétroliers mondiaux soit resté limité—une analyse de Reuters suggère qu'aucune crise mondiale des stocks n'est attendue—les opérations ont exposé des vulnérabilités dans les chaînes d'approvisionnement énergétique mondiales. Les tarifs des Very Large Crude Carriers (VLCC) ont atteint des sommets sur trois ans, et l'économie des pétroliers dans les Caraïbes a fondamentalement changé.

La situation reste fluide, le dernier navire étant toujours poursuivi au moment du reportage plutôt que saisi. Ce qui est clair, c'est que l'administration Trump est passée de la pression économique à la confrontation maritime directe, créant ce qu'un cadre du transport maritime a appelé « la situation la plus dangereuse pour le transport maritime commercial dans les Caraïbes depuis des décennies ».

Alors que le Venezuela promet de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU et que les États-Unis poursuivent leurs opérations d'application, la scène est prête pour des tensions continues dans ce qui est devenu l'un des points chauds géopolitiques les plus volatils de 2025.

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