Les îles du Pacifique exigent des compensations climatiques

Les États insulaires du Pacifique exigent des compensations pour les dommages climatiques suite à un avis de la CIJ établissant la responsabilité climatique des États. Les données de la NASA montrent une élévation irréversible du niveau de la mer menaçant les îles. Le Pacific Resilience Facility offre une solution de financement régionale pour l'adaptation climatique.

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Un avis historique de la CIJ ouvre la voie à la justice climatique

Les États insulaires du Pacifique intensifient leurs demandes de compensation pour les dommages climatiques suite à un avis consultatif novateur de la Cour internationale de Justice (CIJ) qui pourrait transformer le droit international du climat. L'avis consultatif de juillet 2025, proposé par Vanuatu et soutenu par plus de 130 pays, a déclaré que les États ont une obligation légale de protéger le climat contre les émissions de gaz à effet de serre et peuvent être tenus responsables des compensations aux pays touchés par le changement climatique.

Menace existentielle due à l'élévation du niveau de la mer

L'urgence de ces demandes est soulignée par de nouvelles données alarmantes de l'équipe scientifique de la NASA sur l'élévation du niveau de la mer, qui révèlent que les États insulaires du Pacifique comme Tuvalu, Kiribati et Fidji connaîtront au moins 15 centimètres d'élévation irréversible du niveau de la mer au cours des 30 prochaines années, quelles que soient les réductions futures d'émissions. « Nous assistons à la lente noyade de nos terres natales, » a déclaré Thaddeus Siota, directeur du Département du changement climatique des Îles Salomon. « Ce n'est pas un problème futur - cela se produit maintenant, et nous avons besoin d'une action immédiate. »

Précédent juridique pour la responsabilité climatique

L'avis de la CIJ représente une percée juridique majeure pour les pays vulnérables au climat. La Cour a déclaré que les traités existants et le droit coutumier obligent les États à prévenir les dommages climatiques significatifs et à maintenir un « environnement propre, sain et durable » comme droit humain fondamental. De manière cruciale, la Cour a averti que les émissions incontrôlées de gaz à effet de serre, la production d'énergies fossiles, les permis d'exploration et les subventions peuvent désormais constituer des actes internationalement illicites, créant une responsabilité pour les grands pollueurs.

« Cet avis nous donne la base juridique que nous recherchons depuis des décennies, » a expliqué le négociateur en chef pour le climat de Vanuatu. « Bien que l'avis soit consultatif, il établit un précédent puissant que nous pouvons utiliser dans les négociations et les éventuels litiges. »

Pacific Resilience Facility : Une solution régionale

Les dirigeants du Pacifique n'attendent pas un consensus international. Ils ont lancé le Pacific Resilience Facility (PRF), un mécanisme de financement pionnier conçu pour dépasser la dépendance aux donateurs. Selon les rapports de la Pacific Islands News Association, la facilité a déjà reçu 167 millions de dollars d'engagements, les dirigeants du Forum du Pacifique s'étant engagés à lever 500 millions de dollars d'ici 2026.

« Le PRF représente un changement fondamental de la dépendance à la propriété, » a déclaré Alfred Ralifo de WWF-Pacific. « Il nous permet de financer directement les communautés locales pour les initiatives d'adaptation et de résilience climatique sans les retards bureaucratiques qui ont entravé le financement climatique international. »

Conséquences économiques et besoins d'adaptation

Les enjeux économiques sont énormes. Une étude complète publiée dans Scientific Reports révèle que les pertes économiques annuelles actuelles dues aux inondations côtières dans la région Asie-Pacifique s'élèvent à 26,8 milliards de dollars, avec des projections qui devraient augmenter entre 143,7 et 197,8 milliards de dollars d'ici 2050 uniquement en raison des effets de l'élévation du niveau de la mer. Les États atolls comme Kiribati, les Maldives, les Îles Marshall et Tuvalu font face aux pertes les plus graves par rapport à leur PIB.

Le rapport sur l'état du climat dans le Pacifique sud-ouest 2023 de l'Organisation météorologique mondiale souligne le « triple impact » de l'accélération de l'élévation du niveau de la mer, du réchauffement et de l'acidification des océans qui crée une crise existentielle pour les îles du Pacifique. L'élévation du niveau de la mer dans la région dépasse la moyenne mondiale, certaines zones connaissant une élévation de 10-15 cm - près du double du rythme mondial depuis 1993.

Perspectives pour la COP30 et au-delà

Lors de la COP30 à Belém, au Brésil, les États insulaires du Pacifique ont mené de puissantes manifestations appelant à une action climatique urgente. Plus de 70 000 personnes, dont des dirigeants autochtones et des militants climatiques, ont organisé une marche « Enterrement historique des combustibles fossiles », portant un cercueil symbolique représentant le charbon, le pétrole et le gaz.

« Nous avons besoin d'un financement climatique rapide, équitable et prévisible, » a insisté Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU Climat. « Sans confiance et sans ressources, l'action climatique mondiale stagnera, et les plus vulnérables en paieront le prix. »

La pression du Pacifique pour les compensations climatiques représente plus que de simples demandes financières - il s'agit de survie, de souveraineté et de justice pour les pays qui contribuent à moins de 0,02 % des émissions mondiales, mais subissent les conséquences les plus graves du changement climatique. Alors que le PRF se prépare à commencer ses opérations début 2026, les dirigeants du Pacifique envoient un message clair : le temps de la justice climatique est venu.

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