L'Organisation maritime internationale a adopté en avril 2025 un cadre historique Net Zéro, engageant le transport maritime mondial à atteindre zéro émission nette d'ici 2050. La réglementation contraignante inclut des normes sur les carburants et la tarification des gaz à effet de serre.

Un tournant historique pour le transport maritime mondial
L'industrie maritime mondiale a atteint un tournant historique avec l'adoption d'un cadre Net Zéro révolutionnaire par l'Organisation maritime internationale (OMI) en avril 2025. Cet accord marquant engage le secteur du transport maritime à atteindre zéro émission nette d'ici le milieu du siècle grâce à une réglementation contraignante qui transformera fondamentalement le fonctionnement du plus grand secteur de transport mondial.
Cadre réglementaire et mesures clés
Le Comité de la protection du milieu marin (MEPC 83) de l'OMI a approuvé le premier cadre mondial combinant des limites d'émissions obligatoires et une tarification des gaz à effet de serre pour un secteur industriel entier. Les mesures incluent une norme mondiale sur les carburants obligeant les navires à réduire l'intensité des gaz à effet de serre des carburants et un mécanisme économique mondial où les navires dépassant les seuils d'émission doivent acquérir des unités de compensation ou contribuer au Fonds Net Zéro de l'OMI.
« Cela représente la plus importante évolution réglementaire en matière de protection de l'environnement maritime depuis des décennies, » a déclaré un porte-parole de l'OMI. « Nous créons les conditions d'une transition juste et équitable vers un transport maritime zéro émission. »
Objectifs ambitieux de réduction des émissions
Le cadre établit des objectifs ambitieux qui accéléreront la décarbonation rapide : les émissions doivent diminuer d'au moins 20 % d'ici 2030, de 70 % d'ici 2040, et atteindre zéro net vers 2050. La réglementation cible les grands navires océaniques de plus de 5 000 tonneaux de jauge brute, responsables de 85 % des émissions de CO2 du transport maritime international.
Le cadre sera formellement adopté en octobre 2025 et entrera en vigueur en 2027, avec la première année de conformité commençant en 2028. Le Fonds Net Zéro de l'OMI collectera des contributions tarifaires pour récompenser les navires à faibles émissions et soutenir les pays en développement via le financement de l'innovation, le transfert de technologie et le renforcement des capacités.
Les leaders industriels relèvent le défi
Les grandes compagnies maritimes se positionnent déjà pour cette transition. CMA CGM et Maersk ont formé un partenariat stratégique pour accélérer les efforts de décarbonation, visant le développement de carburants alternatifs plus verts pour la propulsion des porte-conteneurs.
« Nous ne pouvons pas réaliser cette transition seuls, » a déclaré Vincent Clerc, PDG de Maersk. « La collaboration à travers l'industrie est essentielle pour combler l'écart de coût entre les carburants fossiles et les carburants verts. »
Le partenariat entre ces géants industriels se concentre sur trois domaines clés : développement de normes élevées pour les carburants durables incluant le méthane vert et le méthanol, établissement de normes de sécurité et de ravitaillement pour les navires au méthanol vert, et accélération de la préparation des ports pour l'approvisionnement en carburants alternatifs.
Les carburants alternatifs mènent la transition
La transition vers des carburants plus propres est déjà en cours, plusieurs alternatives gagnant une traction significative. Le méthanol émerge comme leader avec 58 navires actuellement en service et 320 en commande, offrant une manipulation plus simple que le GNL mais nécessitant une attention pour la toxicité et les problèmes de sécurité liés au point d'éclair bas.
L'ammoniac montre un potentiel comme carburant zéro carbone avec 4 navires en service et 45 en commande, bien que les cadres réglementaires pour l'utilisation double comme cargaison et carburant soient encore en développement. L'hydrogène compte 16 navires en service et 35 en commande, avec des projets innovants en cours mais confronté à des défis d'infrastructure et de stockage à -253°C.
Le GNL reste un carburant de transition dominant avec 1 370 navires en service et 1 031 en commande, bien que les préoccupations concernant les fuites de méthane persistent. Les biocarburants restent des solutions de transition accessibles avec l'ISO 8217:2024 autorisant désormais des mélanges FAME jusqu'à 100 %.
Impact mondial et implications économiques
Le transport maritime international est responsable de près de 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre - équivalent au sixième plus grand émetteur mondial - tout en transportant 80 % du commerce mondial. L'industrie du transport maritime a transporté près de 11 milliards de tonnes métriques de fret en 2022, et ce volume devrait doubler ou tripler d'ici 2050.
Le mécanisme économique comprend une taxe sur les gaz à effet de serre variant de 18,75 $ à 150 $ par tonne d'équivalent CO2, fournissant les incitations financières nécessaires pour combler l'écart de prix significatif entre les carburants fossiles traditionnels et les alternatives zéro émission.
« 2025 marque un point de basculement critique pour la décarbonation du transport maritime, » a noté un représentant du Forum maritime mondial. « La certitude réglementaire offerte par le cadre de l'OMI débloquera des milliards d'investissements dans les technologies vertes du transport maritime. »
Défis et calendrier de mise en œuvre
Bien que 47 gouvernements soutiennent le cadre, une opposition existe de la part de pays incluant le Brésil, la Chine, l'Afrique du Sud et les États-Unis, qui se sont retirés des négociations sur le prix du carbone. L'industrie fait face à des défis significatifs dans le déploiement de l'infrastructure des carburants alternatifs et la garantie de la conformité mondiale.
DNV a publié des directives pour les propriétaires de navires sur l'adoption sécurisée des carburants à l'ammoniac et à l'hydrogène, abordant les lacunes critiques dans la réglementation internationale obligatoire. « Le déploiement de ces carburants zéro carbone nécessite une planification minutieuse, une expertise technique, le recyclage de l'équipage et la collaboration industrielle, » a souligné Knut Ørbeck-Nilssen, PDG de DNV.
Le voyage de l'industrie maritime vers le zéro net représente des années de coopération internationale et transformera le commerce mondial tout en stimulant l'innovation dans les carburants alternatifs et les technologies de propulsion. Alors que le cadre se dirige vers l'adoption formelle en octobre 2025, les parties prenantes de toute la chaîne de valeur maritime se préparent à la transformation la plus significative du transport maritime depuis la transition de la voile à la vapeur.