Un tribunal commercial américain juge inconstitutionnels les tarifs d'urgence, remettant en cause l'autorité présidentielle en matière commerciale. Une cour fédérale confirme la décision, l'affaire étant désormais portée devant la Cour suprême, avec des conséquences majeures pour 2,3 à 3,3 billions de dollars de commerce.
Une décision historique remet en cause l'autorité présidentielle en matière commerciale
Dans une décision aux conséquences profondes qui pourrait remodeler la politique commerciale américaine, la Cour du commerce international des États-Unis a déclaré à l'unanimité que les tarifs d'urgence imposés en vertu de la Loi sur les pouvoirs économiques d'urgence internationaux (IEEPA) dépassaient l'autorité présidentielle et devaient être abrogés. La décision du 28 mai 2025 représente l'une des interventions judiciaires les plus importantes en matière de politique commerciale depuis des décennies, avec des répercussions immédiates sur des milliards de dollars de commerce international.
La décision du tribunal vise spécifiquement trois catégories de tarifs : une taxe de 20 % sur les produits chinois liés au commerce du fentanyl, des tarifs de 25 % sur les marchandises canadiennes et mexicaines liées à des préoccupations de sécurité frontalière, et un tarif réciproque mondial de 10 % annoncé en avril 2025. 'La Constitution confère le pouvoir de lever et de percevoir des taxes, y compris des tarifs, au Congrès, et non au Président,' a écrit le juge en chef Timothy C. Stanceu dans l'arrêt de 45 pages. 'Bien que l'IEEPA accorde au Président des pouvoirs d'urgence étendus, elle n'autorise pas l'imposition de tarifs à cette échelle sans une autorisation claire du Congrès.'
La bataille juridique atteint la Cour fédérale
Le gouvernement a immédiatement fait appel de la décision devant la Cour d'appel des États-Unis pour le circuit fédéral, qui a accordé le 29 mai 2025 une suspension temporaire, permettant aux tarifs de rester en vigueur pendant le déroulement de la procédure judiciaire. Dans un développement dramatique le 29 août 2025, le circuit fédéral a cependant rendu une décision de 7 contre 4 qui a largement confirmé la décision du tribunal de première instance. 'Cela représente un contrôle fondamental de la prépondérance exécutive en matière de politique commerciale,' a déclaré l'avocate spécialisée en commerce Maria Rodriguez de Global Trade Law Partners. 'Les tribunaux tracent une ligne claire : les pouvoirs d'urgence ont des limites, et les programmes de tarifs massifs nécessitent l'approbation du Congrès.'
La décision du circuit fédéral est suspendue jusqu'au 14 octobre 2025, en attendant un recours devant la Cour suprême des États-Unis, qui a déjà accepté d'examiner l'affaire de manière accélérée. Les plaidoiries orales sont prévues pour le 5 novembre 2025, ouvrant la voie à une décision potentiellement historique de la Cour suprême sur l'autorité présidentielle en matière commerciale.
Implications pour les entreprises et défis de conformité
Pour les entreprises actives dans le commerce international, la décision crée à la fois des opportunités et des maux de tête en matière de conformité. Bien que le tribunal ait déclaré les tarifs illégaux pour tous les importateurs, il n'a pas automatiquement ordonné le remboursement des droits déjà payés. 'Les importateurs devront suivre les importations concernées et engager potentiellement des poursuites individuelles pour obtenir un remboursement,' a expliqué le spécialiste de la conformité David Chen de Thomson Reuters. 'Cela crée une mosaïque complexe de réclamations potentielles qui pourraient prendre des années à être résolues.'
La décision exclut spécifiquement les tarifs imposés en vertu d'autres autorités, notamment les tarifs de sécurité nationale Section 232 sur l'acier et l'aluminium et les tarifs Section 301 sur les marchandises chinoises liées à des préoccupations de propriété intellectuelle. Cette distinction crée un champ de mines en matière de conformité pour les importateurs, qui doivent maintenant naviguer pour déterminer quels tarifs restent valides et lesquels ont été invalidés.
Questions constitutionnelles et recours commerciaux
Au cœur de la bataille juridique se trouvent des questions constitutionnelles fondamentales sur la séparation des pouvoirs. Le tribunal a invoqué à la fois la doctrine de la non-délégation et la doctrine des questions majeures, arguant que le Congrès ne peut déléguer son pouvoir fondamental de taxation au pouvoir exécutif sans limites claires. 'Lorsque les tarifs affectent des milliers de milliards de dollars de commerce, c'est une question majeure qui nécessite une autorisation claire du Congrès,' a déclaré la professeure de droit constitutionnel Amanda Wright de l'Université de Georgetown.
Les enjeux économiques sont énormes. Selon les estimations gouvernementales citées dans les documents judiciaires, les tarifs concernés pourraient générer entre 2,3 et 3,3 billions de dollars de recettes au cours de leur durée de vie prévue. Cette échelle, a soutenu le tribunal, transforme ce qui serait autrement des mesures d'urgence légitimes en ce qui équivaut à un programme fiscal massif nécessitant l'approbation du Congrès.
Implications pour le commerce mondial
La décision a des répercussions directes sur les relations commerciales américaines avec la Chine, le Canada et le Mexique - les trois plus grands partenaires commerciaux de l'Amérique. La ministre canadienne du commerce Sarah Johnson a salué la décision, déclarant : 'Cette décision confirme ce que nous avons toujours soutenu : ces tarifs étaient injustifiés et violaient les règles commerciales établies.' Les responsables chinois ont été plus prudents dans leur réponse, mais les associations professionnelles ont indiqué qu'elles exigeraient le remboursement des droits payés au titre des tarifs invalidés.
Pour les professionnels de la conformité, le conseil immédiat est clair : tenez une comptabilité détaillée de tous les paiements de tarifs et des importations concernées. 'Documentez tout,' conseille le consultant en commerce international Robert Kim. 'Même si les remboursements ne sont pas automatiques, disposer d'une comptabilité complète sera essentiel pour les futures réclamations.' Les entreprises doivent également suivre de près les procédures de la Cour suprême, car une décision définitive pourrait intervenir dès le printemps 2026.
L'affaire représente un test majeur de l'autorité présidentielle à une époque de tensions commerciales croissantes. Alors que la Cour suprême s'apprête à se pencher sur l'affaire, le dernier chapitre de cette saga judiciaire pourrait redéfinir l'équilibre des pouvoirs entre le Congrès et l'exécutif en matière commerciale pour les générations à venir.
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