Le Fonds Historique pour le Climat Entame une Phase Critique de Mise en Œuvre
Le fonds des Nations Unies pour les pertes et dommages liés au changement climatique (FRLD) effectue la transition d'un accord politique à une mise en œuvre pratique, les engagements des donateurs étant désormais convertis en structures de gouvernance opérationnelles et en critères de sélection des projets. Établi lors de la COP27 en 2022 et formellement adopté lors de la COP28, ce mécanisme historique de financement climatique représente une avancée majeure pour les pays en développement vulnérables qui réclament depuis longtemps une compensation pour les impacts climatiques auxquels ils ne peuvent s'adapter.
Engagements des Donateurs : Promesses versus Réalité
Selon des rapports récents, le fonds a reçu environ 800 millions de dollars d'engagements volontaires de la part de pays plus riches, bien que seulement 431 millions de dollars sur les 788 millions initialement promis aient été effectivement versés. Ce montant reste dramatiquement inférieur aux besoins annuels estimés à 724 milliards de dollars pour faire face aux pertes et dommages liés au climat dans les pays en développement. 'Les engagements initiaux représentent moins de 0,2 % de ce qui est réellement nécessaire annuellement d'ici 2030,' note un analyste politique du Lowy Institute. Les principaux contributeurs sont l'Allemagne, les Émirats Arabes Unis, la France et le Japon, bien que les répartitions spécifiques restent fluides tandis que les pays s'efforcent de respecter leurs obligations.
La Structure de Gouvernance Prend Forme
Le cadre de gouvernance du fonds a été renforcé par des décisions clés lors de la troisième réunion du Conseil à Bakou, en Azerbaïdjan, en septembre 2024. Le Conseil a approuvé des accords d'hébergement et de fiducie avec la Banque mondiale, qui servira de fiduciaire intérimaire pour une période initiale de quatre ans. 'Cette collaboration avec la Banque mondiale fournit l'épine dorsale institutionnelle nécessaire à une gestion efficace du fonds, tout en conservant la supervision du Conseil,' explique un fonctionnaire de la CCNUCC familier des négociations.
Le Conseil de 26 membres, représentant à la fois les pays développés et en développement, conserve le pouvoir décisionnel en tant qu'organe directeur du fonds. Le directeur exécutif, Ibrahima Cheikh Diong, dirige désormais un secrétariat en croissance qui gérera les opérations quotidiennes depuis le pays hôte du fonds, les Philippines.
Critères de Sélection des Projets : Équilibre entre Urgence et Équité
L'un des défis les plus critiques pour le fonds est de développer des critères de sélection de projets équitables et efficaces. Les Modalités de Mise en Œuvre de la Barbade (BIM) ont réservé 250 millions de dollars pour une phase pilote, les demandes de financement jusqu'à 20 millions de dollars étant acceptées à partir de décembre 2025. 'Nous concevons des critères qui priorisent les pays les plus vulnérables, tout en veillant à ce que les fonds atteignent les organisations de base et les États touchés par des conflits,' déclare un membre du groupe consultatif technique.
Le cadre de sélection tente d'équilibrer différentes priorités concurrentes : traiter à la fois les pertes économiques (comme les dommages aux infrastructures) et non économiques (comme la destruction du patrimoine culturel), répondre aux événements météorologiques extrêmes et aux catastrophes à évolution lente comme l'élévation du niveau de la mer, et servir à la fois les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Calendrier de Mise en Œuvre et Défis
Le fonds se trouve actuellement dans la phase critique de démarrage pour 2025-2026, les premiers décaissements étant prévus à partir de janvier 2026. Les décisions clés tout au long de 2025 se concentreront sur le développement de politiques opérationnelles intérimaires et de modalités de financement. 'La phase pilote vise à tester différents modèles de réponse aux pertes liées au climat, y compris les déplacements et les lacunes post-catastrophe entre l'aide humanitaire et l'aide au développement,' explique un expert en financement climatique.
Cependant, des défis considérables subsistent. Les pays développés préfèrent des approches limitées, ex-ante, ciblant des pays vulnérables spécifiques, tandis que les pays en développement plaident pour une couverture étendue incluant une réponse rapide, la réhabilitation et la prise en compte des pertes économiques et non économiques. Des préoccupations existent également quant à l'accès des agences humanitaires à l'argent face aux réductions budgétaires et à la manière dont les fonds atteindront les États fragiles touchés par des conflits.
La Voie vers la COP30 et Au-Delà
Tous les regards sont désormais tournés vers la COP30 en novembre 2025, où les décisions concernant l'allocation intérimaire des ressources, les modalités de financement et les calendriers de mise en œuvre devraient être finalisées. Le fonds représente une réalisation majeure en matière de justice climatique, mais son succès dépendra d'un financement adéquat, d'une gouvernance transparente et de mécanismes de décaissement efficaces. 'Il ne s'agit pas seulement d'argent—il s'agit de construire la confiance et de démontrer que la communauté internationale peut tenir ses promesses climatiques,' conclut un représentant de l'Alliance des petits États insulaires.
À mesure que les impacts climatiques s'intensifient dans le monde, la mise en œuvre du Fonds pour les Pertes et Dommages servira de test crucial pour la coopération internationale et la justice climatique en action.