Procureurs sud-coréens demandent 10 ans de prison pour l'ex-président Yoon

Les procureurs sud-coréens demandent 10 ans de prison pour l'ex-président déchu Yoon Suk-yeol dans le premier grand procès concernant la loi martiale avortée et les accusations d'entrave, des accusations de rébellion plus graves étant en attente.

procureurs-coreens-10-ans-prison-yoon
Image for Procureurs sud-coréens demandent 10 ans de prison pour l'ex-président Yoon

Première demande de peine majeure dans un procès politique historique

Les procureurs sud-coréens ont officiellement requis une peine de 10 ans de prison pour l'ex-président déchu Yoon Suk-yeol, marquant la première demande de peine importante dans une série de procès historiques contre l'ancien dirigeant. La réquisition du ministère public est intervenue lors d'une audience à la Cour centrale de Séoul le 26 décembre 2025, concernant des accusations d'entrave à la justice, d'abus de pouvoir, de falsification de documents officiels et de destruction de preuves.

Cette première affaire ne représente qu'une des au moins six procédures distinctes auxquelles l'ancien président est confronté, la plus grave étant une accusation de rébellion liée à sa tentative avortée de déclarer la loi martiale en décembre 2024. S'il est reconnu coupable de rébellion, Yoon risque la prison à perpétuité ou même la peine de mort, bien que la Corée du Sud maintienne un moratoire non officiel sur les exécutions depuis 1997.

La loi martiale avortée

Les accusations découlent de la déclaration dramatique et inattendue de la loi martiale par Yoon le 3 décembre 2024, plongeant la Corée du Sud dans la plus grave crise politique depuis des décennies. Dans un discours télévisé qui a choqué le pays, Yoon a accusé les parlementaires de l'opposition de sympathie envers la Corée du Nord et de paralysie des fonctions gouvernementales, affirmant qu'ils 'agissaient comme des agents pour notre ennemi juré du nord'.

Selon les documents judiciaires, Yoon aurait planifié la loi martiale depuis plus d'un an dans le cadre de ce que les procureurs décrivent comme une tentative systématique d''éliminer les rivaux politiques et de monopoliser le pouvoir'. La loi martiale n'a duré que quelques heures avant d'être levée suite à des manifestations de rue massives et à une motion d'urgence parlementaire déclarant la proclamation nulle.

L'analyste juridique Park Ji-hoon de l'Université nationale de Séoul a déclaré aux journalistes : 'C'est sans précédent dans l'histoire sud-coréenne. Nous n'avons jamais vu un président tenter de déclarer la loi martiale contre le parlement, puis faire face à des accusations pénales aussi graves après avoir été destitué.'

Une chute politique rapide

La chute politique de Yoon a été rapide et dramatique. Après la proclamation de la loi martiale, il a été destitué le 14 décembre 2024 par l'Assemblée nationale contrôlée par l'opposition, avec 204 voix sur 300, le suspendant immédiatement de ses fonctions. Le Premier ministre Han Duck-soo est devenu président par intérim pendant que la Cour constitutionnelle examinait l'affaire.

Le 4 avril 2025, la Cour constitutionnelle a confirmé à l'unanimité la destitution par un vote de 8 contre 0, destituant définitivement Yoon de ses fonctions et l'empêchant d'exercer une fonction publique pendant cinq ans. Cela fait de Yoon seulement le deuxième président sud-coréen à être destitué et démis de ses fonctions, après Park Geun-hye en 2017.

La cour a jugé que Yoon avait commis de graves violations constitutionnelles, notamment en ordonnant à l'armée et à la police de bloquer l'accès des parlementaires à l'Assemblée nationale, en ordonnant l'arrestation de juges et de magistrats de la Cour suprême, et en déclarant illégalement la loi martiale.

Procédures judiciaires et problèmes familiaux

Les ennuis judiciaires de Yoon vont au-delà de ses propres actions. Son épouse, Kim Keon-hee, a été arrêtée en août 2025 sur de multiples accusations de corruption, notamment de corruption, de manipulation d'actions et d'ingérence dans la sélection des candidats politiques. C'est la première fois qu'un ancien couple présidentiel sud-coréen est simultanément emprisonné pour des accusations criminelles.

Selon le reportage de NPR, Kim est accusée d'avoir reçu des cadeaux de luxe par des intermédiaires et d'une implication potentielle dans un système de manipulation d'actions chez un concessionnaire BMW. Elle est détenue séparément de son mari, qui a été de nouveau arrêté en juillet 2025 par crainte qu'il ne détruise des preuves s'il était libéré.

Contexte politique plus large

Les procès de Yoon se déroulent dans un contexte de changements politiques significatifs en Corée du Sud. Après sa destitution, une élection présidentielle anticipée a eu lieu le 3 juin 2025, portant Lee Jae-myung au pouvoir en tant que nouveau président. Lee, qui avait perdu de justesse face à Yoon en 2022, dirige maintenant un gouvernement qui a lancé plusieurs enquêtes de procureurs spéciaux ciblant la présidence de Yoon.

Les observateurs internationaux ont noté la résilience des institutions démocratiques sud-coréennes pendant la crise. Comme le souligne le reportage d'AP News, l'action décisive de la Cour constitutionnelle a démontré la force du système de freins et contrepoids de la Corée du Sud.

Le verdict dans cette première affaire est prévu pour le 16 janvier 2025, les analystes juridiques prédisant que Yoon risque probablement au moins cinq ans de prison. Ce verdict pourrait cependant n'être que le début d'une bataille judiciaire beaucoup plus longue qui pourrait finalement déterminer si l'ancien président passera le reste de sa vie derrière les barreaux.

Comme l'a fait remarquer un observateur judiciaire à l'extérieur de l'audience : 'Il ne s'agit pas seulement du sort d'un seul homme. Il s'agit de savoir si notre démocratie peut tenir même les plus hauts dirigeants responsables lorsqu'ils abusent de leur pouvoir.'

Vous aimerez peut-être aussi