
Décision historique pour le bouddhisme tibétain
Alors que le 14e Dalaï Lama approche de son 90e anniversaire le 6 juillet, les bouddhistes tibétains du monde entier attendent un message vidéo crucial concernant sa succession. Malgré la prédiction du leader spirituel qu'il vivra jusqu'à 113 ans, des lamas de haut rang de différentes écoles bouddhistes tibétaines engagent des discussions urgentes pour empêcher l'ingérence chinoise dans le processus de sélection.
Le dilemme de la réincarnation
Traditionnellement, les Dalaï Lamas sont identifiés par réincarnation, des équipes de recherche localisant des enfants montrant des signes de renaissance. L'actuel Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, a été identifié à l'âge de deux ans après des recherches à travers le Tibet. Depuis l'occupation chinoise de 1959 qui l'a forcé à l'exil à Dharamsala en Inde, le processus de succession fait face à des défis sans précédent.
Préoccupations d'ingérence chinoise
Berthe Jansen, spécialiste des études tibétaines à l'Université de Leiden, confirme que la Chine prépare depuis longtemps l'après-Dalaï Lama. Cela rappelle l'incident du Panchen Lama en 1995, où la Chine a rejeté le candidat sélectionné par les Tibétains et installé le sien - un rejeté par les bouddhistes tibétains selon Wangpo Tethong de la Campagne internationale pour le Tibet.
Scénarios potentiels de succession
Le Dalaï Lama a évoqué trois possibilités :
Réincarnation traditionnelle
L'option la plus probable implique d'identifier un enfant né après la mort du Dalaï Lama. Comme l'explique Jansen : "Le processus prend au moins neuf mois pour permettre une grossesse après la mort du lama afin que la conscience puisse se transférer."
Transfert de conscience de son vivant
Un scénario sans précédent impliquerait un transfert de conscience spirituelle avant la mort pour éviter un vide de pouvoir. Cela reste controversé dans les traditions bouddhistes tibétaines.
Aucun successeur
Des suggestions antérieures de mettre fin à la lignée des Dalaï Lamas semblent désormais improbables, Jansen prédisant que le leader annoncera que le 15e Dalaï Lama naîtra "dans un monde libre".
Implications géopolitiques
Penpa Tsering, chef du gouvernement tibétain en exil, note que la Chine s'enquiert du calendrier de succession, révélant l'inconfort de Pékin face à l'incertitude. La reconnaissance internationale, notamment des États-Unis et de l'Inde, reste cruciale pour la légitimité tibétaine. Tethong avertit que l'ingérence chinoise pourrait radicaliser la résistance tibétaine traditionnellement pacifique après des décennies d'oppression.
L'annonce de demain marque un moment charnière pour les bouddhistes tibétains qui n'ont connu aucun autre leader spirituel. Comme le reflète Tethong : "J'envie les jeunes Tibétains qui assisteront à l'émergence d'un nouveau Dalaï Lama sur la scène mondiale."