L'UE souhaite étendre son rôle dans la reconstruction et la gouvernance de Gaza après l'accord de paix de 2025, mais fait face à des divisions internes, des retards dans les missions frontalières et d'énormes coûts de reconstruction de 70 milliards de dollars.

Engagement diplomatique européen dans l'après-guerre à Gaza
Suite à un accord de paix médiatisé par les États-Unis signé en octobre 2025, l'Union européenne se positionne pour un rôle plus substantiel dans la reconstruction et la gouvernance de Gaza. L'Union, qui a fourni plus de 550 millions d'euros d'aide humanitaire depuis le début du conflit en octobre 2023, souhaite désormais passer de principal donateur à acteur politique actif dans l'avenir de Gaza.
L'accord de paix ouvre de nouvelles possibilités
L'accord de paix signé le 13 octobre 2025 par les États-Unis, le Qatar, l'Égypte et la Turquie a créé un cadre permettant à l'UE d'étendre son engagement. Le chef de la diplomatie européenne Kaja Kallas a souligné la complexité de la tâche à accomplir : 'Le plan de paix nécessite un soutien international considérable pour réussir, et l'Europe souhaitait y contribuer pleinement.'
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa ont tous deux salué l'accord, von der Leyen faisant remarquer que 'lorsque le moment sera venu, nous serons prêts à aider à la réhabilitation et à la reconstruction.' L'UE s'est déjà engagée dans un programme pluriannuel de 1,6 milliard d'euros pour le redressement palestinien pour la période 2025-2027.
Défi de reconstruction colossal
L'ampleur des destructions à Gaza représente un défi sans précédent. Selon les estimations du PNUD citées par Jaco Cilliers, plus de 55 millions de tonnes de décombres doivent être déblayées de la bande côtière, avec des coûts de reconstruction estimés à 17 milliards d'euros pour les trois premières années seulement. Des évaluations plus récentes de la Banque mondiale, de l'ONU et de l'UE ont estimé le coût total de la reconstruction à environ 70 milliards de dollars.
Défis de la mission frontalière
Les tentatives de l'UE de redéployer sa mission de surveillance frontalière EUBAM Rafah ont rencontré des obstacles. La mission, impliquant des policiers d'Italie, d'Espagne et de France, devait redémarrer en octobre 2025, mais a été retardée car Israël insistait pour que le Hamas transfère les restes des otages décédés. 'La mission de l'UE reste en attente et sera déployée au poste frontalier de Rafah dès que les conditions le permettront,' a déclaré un porte-parole de Kallas à Bruxelles.
Divisions internes persistantes
L'efficacité de l'UE continue d'être entravée par des divisions internes entre États membres. Comme rapporté par Al Jazeera, des pays comme l'Espagne et l'Irlande ont plaidé pour des mesures plus fortes contre Israël, tandis que l'Allemagne, la Hongrie et la République tchèque ont bloqué de telles actions. Le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul a souligné que 'le Hamas doit être désarmé et ne plus exercer d'influence politique.'
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a maintenu l'embargo sur les armes de son pays contre Israël, déclarant : 'Nous maintiendrons cet embargo jusqu'à ce que tout ce processus soit consolidé et définitivement engagé vers une paix durable.' Pendant ce temps, le président français Emmanuel Macron a indiqué que la France, bien qu'elle aiderait à former des policiers palestiniens, ne participerait pas à une force de stabilisation.
Questions de gouvernance non résolues
La future gouvernance de Gaza reste un problème crucial non résolu. L'UE a constamment déclaré que 'le Hamas ne doit avoir aucun rôle futur dans la gouvernance de la bande de Gaza,' comme confirmé par le porte-parole de Kallas. Cependant, des rapports récents sur des violences entre des membres du Hamas et des clans armés à Gaza ont suscité des inquiétudes concernant de possibles vides de pouvoir.
Le président bulgare Rumen Radev voit la situation actuelle comme une opportunité pour l'Europe : 'L'Europe a ici l'occasion de jouer un rôle clé et d'apporter une contribution significative à la mise en œuvre rapide et complète de ce plan.' La capacité de l'UE à surmonter ses divisions internes et à transformer les déclarations diplomatiques en actions concrètes déterminera finalement si elle peut passer de la périphérie au centre de la scène dans l'avenir de Gaza.