Les drones kamikazes sèment la terreur au Mali

Les groupes rebelles et terroristes au Mali transforment des drones commerciaux en armes kamikazes, ce qui fait escalader le conflit et augmente les risques pour les civils. De multiples acteurs utilisent des drones dans un contexte de changements géopolitiques avec la Russie et la Turquie.

Des drones civils transformés en armes au Mali

Dans les vastes déserts du Mali, une nouvelle arme effrayante est apparue, modifiant la nature du conflit dans le pays. Les groupes rebelles et les organisations terroristes transforment de plus en plus souvent des drones civils commercialement disponibles en armes kamikazes mortelles, provoquant une peur sans précédent parmi les civils et les forces de sécurité.

La révolution des drones en Afrique de l'Ouest

Inspirés par la guerre des drones dans des conflits allant de l'Ukraine au Moyen-Orient, les groupes armés à travers le Mali ont adopté cette technologie avec des conséquences dévastatrices. 'Les terroristes utilisent des drones kamikazes pour attaquer l'armée ou les civils,' déclare l'expert en drones Moussa Diarra depuis son bureau à Kati, une ville de garnison surplombant la capitale Bamako. 'Ils n'ont pas besoin d'équipement sophistiqué - un simple drone civil suffit. Ils modifient simplement certaines données, comme la puissance des hélices et l'altitude maximale de vol, puis fixent un explosif en dessous.'

La tendance s'est considérablement intensifiée au cours des deux dernières années, le Burkina Faso ayant signalé à lui seul plus d'une douzaine d'attaques par drones kamikazes depuis février 2025. Selon une analyse récente, les groupes terroristes au Mali, au Burkina Faso et au Niger adaptent des drones commercialement disponibles pour mener des attaques suicide et larguer des explosifs improvisés sur des positions militaires.

Acteurs multiples, menaces multiples

La prolifération des drones implique de multiples acteurs dans le paysage conflictuel complexe du Mali. L'armée malienne, collaborant avec des mercenaires russes du Corps Africa (anciennement Groupe Wagner), possède environ vingt drones du fabricant turc Baykar. 'La Turquie domine le marché des drones ici,' déclare Ulf Laessing, responsable Sahel de la Fondation Konrad Adenauer. 'Il est assez logique qu'ils aient également atteint le Sahel. Les drones nécessitent peu d'entretien et permettent à l'armée d'avoir plus de visibilité sur de vastes zones.'

Pendant ce temps, les groupes jihadistes affiliés à al-Qaïda et à l'État islamique ont atteint ce que les experts appellent 'un nouveau niveau de capacité opérationnelle' avec les drones. Le mouvement rebelle touareg Front de Libération de l'Azawad (FLA) utilise également cette technologie. 'On ne peut plus faire la guerre nulle part sans drones,' déclare le porte-parole du FLA Mohamed Elmaouloud Ramadane. 'Nous avons des personnes qui savent comment fabriquer des drones kamikazes avec des explosifs.'

Victimes civiles et défis de ciblage

La prolifération des drones militarisés soulève de sérieuses préoccupations concernant les victimes civiles. 'Mais comment savent-ils qui ils touchent quand ils voient des personnes dans le désert à côté d'un pick-up?' s'interroge Laessing à haute voix. 'Sont-ils vraiment sûrs que ce sont des soldats? Ou peut-être des terroristes? La même chose vaut pour l'armée malienne. Le risque de victimes civiles est absolument plus grand avec les drones.'

Les organisations de défense des droits de l'homme ont accusé l'armée malienne et ses partenaires russes de massacres ayant entraîné la mort de centaines de civils. Pendant ce temps, les groupes jihadistes se propagent comme une traînée de poudre à travers le Sahel, la région étant désormais qualifiée de 'centre mondial du terrorisme' selon des rapports récents.

Dimensions géopolitiques

Le conflit des drones reflète des changements géopolitiques plus larges dans la région. Le gouvernement militaire du Mali, arrivé au pouvoir par un double coup d'État en 2021, est passé du soutien français au soutien russe. Le Groupe Wagner a annoncé son retrait du Mali, mais la présence paramilitaire russe se poursuit via le Corps Africa, un groupe contrôlé par le Kremlin qui reste en tant que conseillers en sécurité.

La Turquie a également étendu son influence, Baykar ayant présenté sa technologie de drones lors de la première Foire Expo de Bamako (BAMEX'25) au Mali. L'Afrique représente l'un des marchés à la croissance la plus rapide pour Baykar, de nombreux pays ayant adopté la technologie de drones turque pour leurs besoins de sécurité.

Le coût humain

Pour les Maliens ordinaires, la prolifération des drones signifie vivre dans une peur constante. La technologie permet des attaques provenant de directions inattendues et rend les mesures de sécurité traditionnelles moins efficaces. Comme l'a fait remarquer un analyste en sécurité: 'Ces petits drones faciles à dissimuler exploitent les frontières poreuses de la région et la coopération transfrontalière limitée, permettant aux militants de les acquérir à bas prix pour les adapter.'

La situation est devenue si critique que les experts avertissent que la guerre de dix ans au Mali pourrait devenir encore plus dangereuse et meurtrière. Avec une violence et des victimes civiles déjà considérablement accrues depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement militaire, la militarisation des drones représente un nouveau chapitre dangereux dans la tragédie continue du Mali.

Liam Nguyen

Liam Nguyen est un correspondant politique canadien primé, connu pour sa couverture perspicace des affaires fédérales. Né de parents réfugiés vietnamiens à Vancouver, son travail amplifie les voix sous-représentées dans les cercles politiques.

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