Une juge fédérale ordonne la libération immédiate du migrant salvadorien Kilmar Abrego Garcia de la détention de l'ICE, jugeant qu'il était détenu sans base légale. L'administration Trump annonce faire appel, qualifiant la décision d'« activisme judiciaire ».
Une décision judiciaire historique libère un migrant salvadorien de la détention de l'ICE
Dans un rejet remarquable de la politique d'immigration de l'administration Trump, la juge fédérale Paula Xinis a ordonné la libération immédiate de Kilmar Abrego Garcia de la détention de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE). Le migrant salvadorien, devenu un symbole de la ligne dure du gouvernement, a recouvré la liberté le 11 décembre 2025 après que la juge a jugé qu'il avait été détenu 'sans base légale'.
Un schéma troublant de tromperie gouvernementale
La juge Xinis n'a pas mâché ses mots dans son jugement de 45 pages, affirmant que le gouvernement américain non seulement 'a entravé le tribunal' mais l'a aussi 'délibérément induit en erreur' sur les possibilités d'expulsion. Le gouvernement avait prétendu que quatre pays africains avaient accepté d'accueillir Abrego Garcia, ce qui s'est révélé faux. 'Le comportement du gouvernement dans cette affaire est troublant,' a écrit Xinis, soulignant que sans un ordre d'expulsion valide, les autorités ne peuvent légalement expulser quelqu'un des États-Unis.
L'affaire révèle des tensions profondes entre le pouvoir judiciaire et l'exécutif en matière d'application des lois sur l'immigration. 'C'est un activisme judiciaire flagrant de la part d'une juge nommée par Obama,' a fulminé un porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure, annonçant que le jugement serait contesté 'jusqu'au bout'.
De l'expulsion illégale à la torture en prison
Le calvaire d'Abrego Garcia a commencé en mars 2025 lorsqu'il a été accidentellement expulsé vers El Salvador malgré une ordonnance judiciaire de 2019 le protégeant de l'expulsion en raison de menaces crédibles de gangs. Dans l'infâme méga-prison CECOT du Salvador, il a subi, selon ses avocats, de graves mauvais traitements et une torture psychologique. La Cour suprême des États-Unis a finalement ordonné son retour, mais à son arrivée en juin, il a été immédiatement réarrêté.
Ce père de 30 ans, marié à une citoyenne américaine avec qui il a un jeune fils, avait fui le Salvador en 2011 pour demander l'asile face aux violences des gangs. Il n'a jamais obtenu de statut d'asile formel mais avait bâti une vie dans le Maryland où il travaillait dans le bâtiment.
Accusations de liens avec le MS-13 et de trafic d'êtres humains
L'administration Trump a à plusieurs reprises qualifié Abrego Garcia de membre du gang MS-13 et de passeur, des accusations qu'il nie avec véhémence. Le MS-13, ou Mara Salvatrucha, est un gang criminel international né à Los Angeles dans les années 80 et désigné comme Organisation Terroriste Étrangère par l'administration Trump en février 2025.
Cependant, les juges fédéraux ont qualifié les preuves du gouvernement concernant l'appartenance au gang de 'faibles' et 'fantaisistes'. Bien qu'Abrego Garcia fasse face à des accusations fédérales de trafic d'êtres humains dans le Tennessee pour avoir prétendument transporté des migrants sans papiers, il a plaidé non coupable, son procès étant prévu pour janvier 2026.
Implications plus larges pour la détention des migrants
Cette affaire intervient au milieu d'importantes batailles juridiques sur la politique de détention des migrants. En novembre 2025, un autre tribunal fédéral a rétabli le droit à une caution pour de nombreux migrants détenus, remettant en cause la politique de détention obligatoire étendue du gouvernement. Les décisions précédentes du Conseil d'appel de l'immigration en 2025 avaient effectivement éliminé les audiences de caution pour de nombreux résidents de longue durée.
Les experts juridiques voient dans la libération d'Abrego Garcia un élément d'un schéma plus large de recul judiciaire contre ce qu'ils appellent un excès de pouvoir exécutif dans l'application des lois sur l'immigration. 'Cette décision rappelle une fois de plus que même en matière d'immigration, le gouvernement doit respecter la loi,' a déclaré l'avocate spécialisée en immigration Maria Gonzalez.
La suite pour Abrego Garcia
Libéré pour vivre chez son frère dans le Maryland sous des conditions strictes incluant la recherche d'un emploi et l'évitement de tout contact avec des membres du MS-13, Abrego Garcia poursuit son combat pour l'asile. Son cas met en lumière l'intersection complexe entre les accusations criminelles, le statut migratoire et les questions de droits de l'homme.
Alors que l'administration Trump prépare son appel, cette affaire reste un point focal du débat américain permanent sur l'immigration, testant les limites du pouvoir exécutif et du contrôle judiciaire dans l'un des domaines politiques les plus controversés de notre époque.
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