Un juge belge avertit que la Belgique devient un État narco à cause du crime organisé. Les juges reçoivent des menaces de mort, la corruption se propage et la violence liée à la drogue s'intensifie avec 60 fusillades à Bruxelles cette année.
Un juge belge met en garde contre le risque d'État narco
Un juge d'instruction belge anonyme a émis un avertissement choquant selon lequel la Belgique évolue vers un État narco en raison des réseaux de criminalité organisée qui sapent les institutions étatiques. Le juge, qui a passé quatre mois dans une maison sécurisée après des menaces de mort de trafiquants de drogue, a publié une lettre ouverte sur le site officiel du système judiciaire belge décrivant comment "des structures mafieuses étendues se sont ancrées, devenant un pouvoir parallèle qui défie non seulement la police, mais aussi la justice."
Violence croissante et corruption institutionnelle
La situation a atteint des niveaux de crise avec Bruxelles ayant connu plus de 60 fusillades liées à la drogue cette année seulement, dont 20 incidents cet été. Le port d'Anvers sert de principale porte d'entrée pour les stupéfiants illégaux entrant en Europe, les réseaux criminels opérant presque en toute impunité. "Ces circuits restent intacts à une exception près, il n'y a pas assez d'enquêteurs spécialisés," a noté le juge dans sa lettre.
La corruption a profondément pénétré les institutions étatiques, avec des arrestations récentes impliquant des employés portuaires, des douaniers, des policiers, des fonctionnaires municipaux et même du personnel judiciaire. La violence a escaladé au point où des activités criminelles comme des attaques de maisons avec des bombes, des homejackings et des enlèvements peuvent être commandées via des plateformes simples comme Snapchat. "Vous n'avez même pas besoin d'aller sur le darkweb, un compte Snapchat suffit. De plus, ce n'est même pas cher, souvent quelques centaines d'euros suffisent," a révélé le juge.
Juges sous pression
Le magistrat anonyme a décrit comment il s'est senti abandonné par les autorités pendant son séjour de quatre mois dans une maison sécurisée. "Dans ces circonstances, il n'y a pas de gouvernement qui nous contacte, qui offre activement un soutien, il n'y a pas de compensation, pas d'accueil pour la famille et les collègues, pas d'assurance pour tous les dommages," a-t-il écrit. "Et ensuite vous reprenez le fil comme avant. Cela fait partie du travail, semble dire mon gouvernement. Imaginez cela dans le secteur privé."
Il a exprimé sa préoccupation que le manque de soutien structurel du gouvernement constitue une menace directe pour l'État de droit. "Je crains qu'il ne soit qu'une question de temps avant qu'un collègue 'se sente obligé pour sa propre sécurité de sortir une erreur procédurale de son chapeau pour ne pas avoir à signer une condamnation'. Un juge qui a peur ne peut pas être un bon juge," a-t-il résumé le problème.
Réponse gouvernementale et solutions proposées
La ministre de la Justice Annelies Verlinden a reconnu les préoccupations et déclaré que les autorités devaient "mettre un coup d'accélérateur." Elle a annoncé des plans pour restreindre la divulgation des données personnelles et mieux protéger les tribunaux. Le gouvernement effectuera également des analyses améliorées des risques de sécurité pour le personnel judiciaire.
Le juge a proposé cinq mesures immédiates : permettre aux juges de travailler anonymement, garder les données personnelles hors des bases de données, un point de contact fixe pour les juges menacés, une compensation pour les dommages physiques et matériels, et un meilleur contrôle des communications des condamnés depuis la prison.
Dans un exemple révélateur des obstacles bureaucratiques auxquels il a été confronté, le juge a révélé qu'il avait dû insister longtemps pour le remboursement d'un système d'alarme. "Ils devraient revoir cela budgétairement," a-t-il déclaré à VRT.
Contexte plus large de la violence liée à la drogue
La Belgique lutte, comme son voisin néerlandais, depuis longtemps contre la déstabilisation de la société par des gangs de drogue violents. Ces dernières années, les attaques avec des armes à feu et des bombes artisanales ont augmenté. Les gardiens de prison sont également devenus des cibles, avec des incidents où des voitures ont été incendiées et des lettres de menace ont été déposées.
Le gouvernement fédéral examine actuellement si l'armée peut être déployée dans les rues de Bruxelles pour lutter contre la criminalité liée à la drogue. Entre-temps, le gouvernement a approuvé la fusion des six zones de police de Bruxelles en une seule unité d'ici début 2027.
Le juge a conclu par une évaluation sombre : "L'État de droit n'est pas un concept abstrait. Il est composé de personnes - magistrats, policiers, gardiens de prison - qui font leur travail avec conviction, mais qui ont droit à un gouvernement qui les soutient. La question n'est pas de savoir si l'État de droit est menacé, il l'est déjà. La question est : comment notre État va-t-il se défendre ?"
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