Le milliardaire Jared Isaacman est sur le point de devenir administrateur de la NASA après l'approbation d'une commission sénatoriale. Il devra gérer des coupes budgétaires, des retards du programme Artemis et la concurrence avec la Chine.
Un milliardaire de la tech sur le point de diriger la NASA
Jared Isaacman, l'entrepreneur milliardaire et astronaute commercial, est sur le point de devenir le nouvel administrateur de la NASA après qu'une commission sénatoriale a approuvé sa nomination lundi soir. Le fondateur de 42 ans du processeur de paiements Shift4 Payments succéderait à l'administrateur intérimaire Sean Duffy et dirigerait l'agence spatiale à un moment crucial, alors qu'elle fait face à des coupes budgétaires, des retards dans le programme Artemis et une concurrence accrue avec la Chine.
La commission sénatoriale du commerce, des sciences et des transports a voté 18 contre 10 pour envoyer la nomination d'Isaacman au Sénat plénier, les 15 membres républicains et trois démocrates soutenant sa confirmation. C'est la deuxième fois que la commission approuve la nomination d'Isaacman, après avoir déjà donné son accord en avril avant que le président Trump ne retire inopinément la nomination en mai.
Un parcours semé d'embûches vers la confirmation
Le chemin d'Isaacman vers la direction de la NASA a été tout sauf fluide. Initialement nommé par le président élu Trump en décembre 2024, sa nomination a été retirée en mai 2025 en raison de préoccupations concernant ses anciens liens avec les démocrates et sa relation étroite avec le PDG de SpaceX, Elon Musk. 'Le président a déclaré avoir changé d'avis en raison des liens passés d'Isaacman avec les démocrates,' selon des sources proches du dossier.
Lors des audiences de confirmation, Isaacman a dû répondre à des questions difficiles sur sa relation avec Musk, compte tenu du rôle crucial de SpaceX dans le programme lunaire Artemis de la NASA. 'J'ai eu de nombreux échanges avec le PDG de SpaceX en raison des vols spatiaux commerciaux que j'ai effectués avec Dragon,' a témoigné Isaacman. 'Mais soyons clairs : sous ma direction, il n'y aura aucun favoritisme envers SpaceX en raison de ma collaboration avec l'entreprise.'
Le milliardaire possède des références spatiales impressionnantes : il a commandé la première mission orbitale entièrement civile, Inspiration4, en 2021 et est devenu le premier civil à effectuer une sortie extravéhiculaire lors de la mission Polaris Dawn en 2024. Il a largement financé ces missions commerciales de sa poche, démontrant à la fois son engagement envers l'exploration spatiale et ses ressources personnelles considérables.
Les défis croissants de la NASA
Isaacman hériterait d'une agence confrontée à des défis majeurs. La proposition budgétaire de la Maison Blanche pour l'exercice 2026 comprend une réduction de 24,3 % du budget de la NASA, faisant passer le financement de 24,8 à 18,8 milliards de dollars. Ces coupes élimineraient des éléments clés du programme Artemis, notamment la fusée Space Launch System et le vaisseau spatial Orion après Artemis 3, et annuleraient la station lunaire Gateway.
Dans le même temps, le programme Artemis est confronté à de sérieux défis techniques. L'ancien administrateur de la NASA, Mike Griffin, a récemment témoigné que le plan actuel de la NASA pour une exploration lunaire durable 'ne peut pas fonctionner' en raison de sa dépendance à une technologie de ravitaillement en orbite non éprouvée nécessitant de nombreux vols. Griffin a plaidé pour l'annulation d'Artemis III et des missions ultérieures, suggérant de repartir sur une approche plus proche d'Apollo.
La course contre la Chine ajoute de l'urgence à la mission de la NASA. La Chine a testé avec succès son atterrisseur lunaire Lanyue en 2025 et développe le véhicule habité Mengzhou, avec des plans pour faire atterrir des taïkonautes d'ici 2030. 'Ce n'est pas le moment de tergiverser, mais d'agir,' a déclaré Isaacman lors de son audition de confirmation. 'Si nous prenons du retard, si nous faisons une erreur, nous pourrions ne jamais rattraper ce retard, et cela pourrait avoir des conséquences sur l'équilibre des pouvoirs ici sur Terre.'
Commercialisation et controverse
Isaacman a indiqué qu'il souhaitait 'rationaliser' la NASA en commercialisant davantage d'activités. Dans un document divulgué, il a esquissé des idées pour l'avenir de la NASA incluant la fin des programmes Space Launch System et Gateway. Son approche a été saluée par ceux qui cherchent plus d'efficacité du secteur privé, mais critiquée par ceux qui s'inquiètent de la préservation de la mission scientifique de la NASA.
La relation entre la NASA et SpaceX a été particulièrement controversée. L'administrateur intérimaire Sean Duffy s'est heurté à Elon Musk en octobre au sujet du contrat de l'atterrisseur lunaire Starship, Musk qualifiant Duffy de 'crétin' sur X (anciennement Twitter). Duffy souhaitait ouvrir le contrat à la concurrence d'autres entreprises comme Blue Origin, craignant que le Starship de SpaceX ne soit pas prêt à temps pour l'alunissage prévu en 2028.
Selon SpaceNews, la nomination d'Isaacman va maintenant être soumise au Sénat plénier, où sa confirmation est attendue avant la fin de l'année. Sa confirmation marquerait un changement significatif vers un leadership issu du secteur privé à la NASA, reflétant le rôle croissant des entreprises spatiales commerciales dans les ambitions spatiales américaines.
Alors qu'Isaacman se prépare à prendre les rênes, la communauté spatiale observe attentivement. Sa combinaison unique d'expérience entrepreneuriale, d'histoire personnelle dans l'espace et de fortune personnelle considérable pourrait soit revitaliser la NASA, soit créer de nouvelles tensions au sein de l'agence. Ce qui est certain, c'est que les prochaines années seront cruciales pour le programme spatial américain, avec des implications qui s'étendent bien au-delà de l'atmosphère terrestre.
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