L'Irak organise des élections parlementaires dans un contexte de lutte d'influence entre les États-Unis et l'Iran, avec une participation historiquement basse attendue en raison de la désillusion des électeurs, du chômage et du boycott des sadristes.
Élections parlementaires cruciales en Irak
Les Irakiens se sont rendus aux urnes le 11 novembre 2025 pour élire un nouveau parlement de 329 membres lors d'élections qui soulignent l'équilibre délicat du pays entre l'influence américaine et iranienne. Avec plus de 7 700 candidats en lice dans 18 circonscriptions électorales, ce scrutin représente un test crucial pour la démocratie fragile de l'Irak, 22 ans après l'invasion menée par les États-Unis qui a renversé Saddam Hussein.
Participation historiquement basse attendue
Les premières informations provenant des bureaux de vote indiquent que la participation pourrait atteindre un niveau historiquement bas, les analystes prévoyant qu'elle ne dépassera pas 41 %. «La désillusion politique est palpable,» a déclaré l'analyste politique Ahmed al-Rubaie. «Beaucoup d'Irakiens estiment que leurs votes ne conduisent pas à des changements significatifs.» Seulement 21,4 millions des 32 millions d'électeurs éligibles ont mis à jour leur inscription et reçu leurs cartes d'électeur, ce qui indique une apathie électorale généralisée.
La faible participation s'explique par plusieurs facteurs, notamment des taux de chômage élevés dépassant 14 % au total et 25 % chez les jeunes. La corruption et les défaillances des services publics, en particulier les pénuries d'électricité malgré la richesse pétrolière de l'Irak, ont encore érodé la confiance du public. «Nous avons la richesse pétrolière mais pas d'électricité fiable - à quoi bon voter?» a demandé Fatima Hassan, habitante de Bagdad.
Boycott sadriste et fragmentation politique
Les élections sont marquées par l'absence du mouvement sadriste influent, dirigé par le religieux Moqtada al-Sadr, qui a annoncé un boycott en juillet 2025 après l'échec des négociations gouvernementales en 2021. Ce boycott signifie que des centaines de milliers de ses partisans ne participeront pas, ce qui pourrait affecter la légitimité des résultats.
Le paysage politique irakien reste profondément fragmenté, les postes gouvernementaux étant répartis entre chiites, sunnites, Kurdes, chrétiens et autres groupes ethniques et religieux via le système muhasasa. «Le système assure la représentation mais crée une impasse permanente,» a expliqué Layla al-Mansouri, professeure de sciences politiques à l'Université de Bagdad.
Lutte d'influence États-Unis-Iran
Les élections se déroulent dans le contexte d'une lutte d'influence continue entre les États-Unis et l'Iran en Irak. Depuis l'invasion de 2003, des dizaines de milices chiites soutenues par l'Iran se sont formées, dont plusieurs sont désormais représentées en politique et ont contribué à porter au pouvoir l'actuel Premier ministre Mohammed Chia al-Soudani.
Les États-Unis pressent le gouvernement irakien de contenir l'influence des milices liées à l'Iran, qui ont attaqué à plusieurs reprises les bases militaires américaines ces dernières années. «L'Irak est pris entre deux puissants alliés aux intérêts concurrents,» a remarqué John Smith, analyste du Moyen-Orient au Atlantic Council.
Avenir incertain pour Al-Soudani
Le Premier ministre al-Soudani, qui dirige la Coalition pour la reconstruction et le développement, cherche un second mandat mais fait face à un avenir incertain. Un seul Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a servi plus d'un mandat depuis 2003. Bien que le bloc d'al-Soudani soit attendu pour remporter le plus de sièges, notamment en l'absence d'al-Sadr, il ne devrait pas obtenir la majorité.
Cela signifie probablement des mois de négociations entre différents partis concernant les postes gouvernementaux et le poste de Premier ministre. «La véritable élection a lieu après le vote, dans les coulisses,» a déclaré le commentateur politique Omar al-Jabouri.
Préoccupations sécuritaires et vote anticipé
La sécurité reste une préoccupation majeure, même si la violence politique a diminué par rapport aux élections précédentes. Les policiers ont voté le 9 novembre pour être disponibles pour les missions de sécurité le jour des élections. Bien qu'un candidat ait été assassiné pendant la campagne, le niveau de violence est nettement inférieur à celui des élections précédentes où des candidats étaient liquidés et des bureaux de vote attaqués.
L'élection utilise un système de représentation proportionnelle avec des sièges attribués selon la méthode modifiée de Webster/Sainte-Laguë, réintroduite après les élections de 2021 qui utilisaient le vote unique non transférable. Neuf sièges sont réservés aux groupes minoritaires, notamment les chrétiens, les yézidis, les shabaks, les mandéens et les Kurdes feylis.
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