
La police prend d'assaut le siège du CHP à Istanbul
La police antiémeute turque a fait irruption de force lundi dans le siège du principal parti d'opposition CHP à Istanbul, déployant du gaz poivré et des gaz lacrymogènes contre des membres du parti qui s'étaient barricadés à l'intérieur. Ce raid dramatique marque la dernière escalade dans la répression du président Recep Tayyip Erdogan contre les opposants politiques.
Bataille juridique sur la direction du parti
La confrontation découle d'une décision de justice turque la semaine dernière qui a invalidé les résultats du congrès du parti CHP de 2023, citant des "irrégularités dans les élections des délégués". Le tribunal a destitué la direction du CHP d'Istanbul et nommé l'ancienne vice-présidente Canan Kaftancioglu comme présidente intérimaire, bien que la direction actuelle du parti refuse de reconnaître la décision.
"Il s'agit clairement d'une tentative du gouvernement de marginaliser le principal parti d'opposition du pays," a déclaré l'analyste politique Ahmet Kasim. "Le ciblage systématique des responsables du CHP s'intensifie."
Contexte politique et répression
Le CHP, le plus ancien parti politique de Turquie fondé par Mustafa Kemal Atatürk, est la principale opposition au parti AKP d'Erdogan depuis 2002. Ces derniers mois, des centaines de membres du CHP ont été arrêtés, dont plusieurs maires et personnalités prominentes.
En mars 2025, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, membre du CHP et potentiel challenger présidentiel contre Erdogan, a été arrêté pour corruption et accusations de terrorisme. Les figures de l'opposition affirment que ces arrestations sont politiquement motivées, tandis que le gouvernement maintient qu'elles suivent les procédures légales.
Restrictions internet et inquiétudes internationales
Pendant le raid, les autorités turques ont restreint l'accès aux plateformes de médias sociaux including X, Instagram et WhatsApp, limitant la capacité des citoyens à partager des informations sur les événements. Les groupes de surveillance d'Internet ont signalé une limitation significative du trafic des médias sociaux tout au long de la journée.
Les organisations internationales de droits de l'homme ont exprimé leur inquiétude concernant le recul démocratique en Turquie. Human Rights Watch a récemment documenté des restrictions croissantes sur l'opposition politique et la liberté de réunion dans le pays.
"L'utilisation de la force policière contre un parti d'opposition politique légitime représente une érosion dangereuse des normes démocratiques," a déclaré la députée européenne Kati Piri.
La tension politique devrait se poursuivre car une autre décision judiciaire concernant la direction du CHP est attendue lundi prochain, affectant potentiellement la position de l'actuel président du parti Özgür Özel.