Une condamnation historique pour les crimes du Darfour
La Cour pénale internationale (CPI) a condamné le chef milicien soudanais des Janjawid, Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, également connu sous le nom d'Ali Kushayb, à 20 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis pendant le conflit du Darfour. L'homme de 76 ans a été reconnu coupable en octobre de 27 chefs d'accusation, dont meurtre, torture, viol, pillage et déplacement forcé de populations entre 2003 et 2004.
La juge présidente Joanna Korner a décrit ses actes comme une 'campagne d'extermination, d'humiliation et de déplacement' ciblant les communautés non arabes du Darfour. La juge a noté qu'Abd-Al-Rahman non seulement donnait des ordres menant directement aux crimes, mais les commettait également personnellement, notamment en frappant des victimes avec une hache.
Le conflit du Darfour et les milices Janjawid
Le conflit du Darfour a débuté en février 2003 lorsque des groupes rebelles comme le Mouvement de libération du Soudan (SLM) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) ont pris les armes contre le gouvernement soudanais, qu'ils accusaient d'opprimer la population non arabe du Darfour. Le gouvernement a répondu en lâchant les milices Janjawid, des groupes majoritairement arabes qui ont mené des attaques systématiques contre les populations civiles.
Selon Wikipedia, le conflit a entraîné la mort d'environ 300 000 personnes et déplacé près de 2,5 millions de personnes, provoquant l'une des pires crises humanitaires du début du XXIe siècle.
Détails des crimes
La CPI a jugé qu'Abd-Al-Rahman, en tant que commandant supérieur des Janjawid, était responsable d'atrocités incluant le meurtre d'au moins 213 personnes, dont des enfants, et 16 cas de viol. Les procureurs ont présenté des preuves qu'il avait personnellement tué deux prisonniers avec une hache et ordonné des exécutions massives de civils.
'Il a commis ces crimes en connaissance de cause, volontairement, avec enthousiasme et force,' ont noté les juges dans leur résumé du verdict, selon Al Jazeera.
Verdict et contexte juridique
Les procureurs avaient demandé la prison à perpétuité, arguant que l'extrême gravité des crimes justifiait la peine maximale. La défense n'avait demandé que sept ans, invoquant l'âge d'Abd-Al-Rahman et sa reddition volontaire à la Cour en juin 2020 après avoir fui vers la République centrafricaine.
Les juges de la CPI ont finalement prononcé une peine de 20 ans, notant que si les crimes étaient graves, ils avaient pris en compte des circonstances atténuantes, notamment sa reddition et sa coopération avec la Cour. La peine sera réduite du temps qu'il a déjà passé en détention depuis 2020.
Signification historique
Cette condamnation marque la première poursuite réussie par la CPI pour les atrocités commises au Darfour, bien que la Cour ait émis des mandats d'arrêt contre plusieurs responsables soudanais, dont l'ancien président Omar al-Bashir en 2009. L'affaire a été renvoyée à la CPI en 2005 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, mais les progrès ont été lents en raison d'obstacles politiques et du refus initial du Soudan de coopérer.
'Ce verdict clôt le premier procès de la CPI sur le conflit du Darfour,' a rapporté U.S. News, notant que la peine signifie probablement que l'accusé âgé mourra en prison.
Lien avec le conflit actuel au Soudan
La condamnation intervient dans un contexte de violence renouvelée au Soudan, où une guerre civile fait rage depuis avril 2023 entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (RSF). Les RSF trouvent leur origine dans les milices Janjawid, créant un lien direct entre les atrocités de 2003-2004 et les violences actuelles.
Selon Wikipedia, le conflit actuel a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, avec près de 25 millions de personnes souffrant de faim extrême et plus de 8,8 millions de déplacés.
Réactions internationales et implications futures
Les organisations de défense des droits de l'homme ont salué la condamnation comme une étape importante vers la responsabilisation pour les atrocités du Darfour. Beaucoup notent cependant que la justice reste incomplète, d'autres présumés auteurs étant toujours en liberté et la violence persistante au Soudan continuant de faire des victimes.
La CPI continue d'enquêter sur de récents crimes de guerre présumés dans le conflit actuel au Soudan, suggérant que les mécanismes de justice internationale pourraient continuer à jouer un rôle dans la résolution des violences dans la région.
Abd-Al-Rahman a le droit de faire appel de la peine, bien que des experts juridiques suggèrent que la condamnation sera probablement maintenue compte tenu de la solidité des preuves présentées lors du procès.